Cosmos en ivresse
L'ivresse des formes et l'illumination profane
L'ivresse des formes Dans un bel article sur les rapports entre image épique chez Bertold Brecht et image dialectique chez Walter Benjamin, Philippe Ivernel rappelle la discussion menée par les deux
Un texte de Georges-Didi-Huberman
Extrait : "Le lien établi par Walter Benjamin entre l’« illumination profane » et la technique photographique nous montre que le « flot » de l’ivresse ne serait rien – rien qui vaille, rien qui dure, rien qui ait valeur critique – sans la construction de ses images dans le temps. Construction de la durée qui ne saurait aller, en effet, sans quelque médiation technique. Ce que l’ivresse fait surgir comme illumination ou « instant utopique » de l’image, il revient à l’imagination – dès lors envisageable comme « durée utopique » de l’image – d’en faire une expérience pour la pensée, une « image de pensée »47 (Denkbild). Parce qu’elle est un jeu, parce qu’elle ne cesse de démonter toutes choses, l’imagination est construction imprévisible et infinie, reprise perpétuelle des mouvements engagés, contredits, surpris par de nouvelles bifurcations. Et c’est pour cela que lui convient si bien la forme de l’abécédaire : il faut toujours, pour l’imaginatif, jeter en l’air les lettres du discours, disperser joyeusement les balises de la doctrine préexistante, puis tout reprendre de A à Z."
47 W. Benjamin, Images de pensée (1925-1935), trad. J.-F. Poirier et J. Lacoste. Paris, Christian Bourgois, 1998.